Face à l’estuaire de la Gironde, le phare des rois reste le seul, en France, à abriter des gardiens à l’année, qui accueillent chaleureusement les visiteurs pendant la saison.

Cordouan : un phare habité à visiter en été

Il n’y a qu’un seul moyen, pour le visiteur, d’accéder à cette grandiose sentinelle posée à l’embouchure de la Gironde, à 7 km des côtes : le bateau. Des navettes amphibies, plus précisément, qui déposent les visiteurs sur le banc de sable, les pieds bien au sec. Les gardiens qui y demeurent et y travaillent à l’année, eux, n’ont pas cette chance. Chaque vendredi, ils s’adonnent à une périlleuse manoeuvre, alors que le peyrat – le chemin d’accès en pierres – est encore à couvert, afin d’acheminer vivres, effets personnels et matériaux. Et ce, par tous les temps. Premier phare classé monument historique, en 1862, Cordouan se singularise par bien des aspects. Il demeure ainsi le dernier en France à être habité toute l’année par des gardiens, employés par le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde. Au nombre de quatre, ils s’y relaient par binôme, les vendredis, pour des périodes d’une ou deux semaines. Ils vivent ainsi au rythme des marées et des rotations estivales de bateaux qui amènent sur l’île quelque 20 000 visiteurs chaque saison, depuis Royan, Le Verdon- sur-Mer ou Meschers-sur-Gironde. Cordouan est également le seul phare en activité qui soit ouvert à la visite.

Cette prouesse architecturale a nécessité plus de 25 ans de travaux.


Lire aussi : Vacances en Bourgogne : dormir aux Hêtres Rouges


Cordouan : une histoire passionnante

Une tour du propriétaire riche d’enseignements, et qui réserve même quelques surprises, telle Notre-Dame-de-Cordouan, seule chapelle au monde à être installée dans un phare, et qui occupe entièrement l’un des six étages. Impressionnant aussi, le sol de marbre et la cheminée de l’appartement du roi, ou le majestueux escalier de 301 marches (ou 311, la polémique existe !) menant à une terrasse qui offre une vue à couper le souffle. Commanditée par Henri III, cette prouesse architecturale a nécessité plus de 25 ans de travaux. Achevé en 1611, le phare atteint alors 37 m de haut. Deux siècles plus tard, le fût central sera pourtant surélevé de 20 m. C’est cette passionnante histoire que racontent les gardiens qui, chacun à leur manière, se la sont appropriée. L’occasion pour les touristes, curieux de leurs conditions de vie, de les interroger, alors qu’ils découvrent l’appartement dit de l’ingénieur, aux boiseries d’époque récemment restaurées, ou les petites chambres, rarement utilisées, situées à l’intérieur même de la tour.

Contre vents et marées

Les journées de ces vigies se déroulent au rythme d’une multitude de tâches qui visent à entretenir les lieux et à assurer leur autonomie, même si le phare est automatisé depuis 2006. Offert à la houle et aux embruns, l’édifice souffre en effet des conditions climatiques extrêmes et nécessite un entretien régulier. Une campagne de travaux de grande ampleur a d’ailleurs débuté en 2013, et devrait s’achever en 2021. Chaque année, de septembre à juin, les murs se couvrent donc d’échafaudages. Serruriers, ferronniers, menuisiers, plombiers, électriciens, peintres, qui partagent alors la vie des gardiens, se succèdent pour donner une seconde jeunesse à ce « Versailles des mers », comme il est parfois surnommé. Des travaux destinés à conserver l’intégrité et la prestance du monument, alors que sa candidature est en cours d’examen pour une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Un long processus, dont il a déjà franchi la première étape : en janvier 2017, le phare de Cordouan a été reconnu « chef-d’oeuvre du génie créateur humain », l’un des critères pour figurer dans la prestigieuse liste.

Texte Patricia Marini. Photos Cécile Labonne.


Lire aussi : Vacances en France : l’Ardèche