Vous hésitez à laisser votre chat libre au jardin ? Vous craignez qu’il ne se perde ? Qu’il ne fasse des dégâts ? Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste, vous rassure…

Les conseils de Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste

Esprit d’Ici : Peut-on laisser en liberté un chat dans un jardin qu’il ne connaît pas ?

Valérie Dramard : Le chat est un animal territorial. Il a besoin de trouver ses marques dans l’endroit où il va évoluer. Au début, ne le laissez pas seul dehors : jouez avec lui à proximité de la porte de la maison, faites-le entrer et sortir. Quand il va vouloir explorer un peu plus, accompagnez-le et appelez-le régulièrement pour qu’il revienne vers vous. Selon son caractère plus ou moins aventureux, il s’habituera à ce nouveau terrain de jeu en quelques heures, un ou deux jours au maximum.

EdI : À quel âge un chaton peut-il sortir dans le jardin ?

V.D. : Lorsqu’un chaton arrive à la maison, il est âgé d’environ 3 mois. Avant de pouvoir sortir, il doit déjà être habitué à votre intérieur. Il faut qu’il ait trouvé ses repères (où est sa litière, où vous lui donnez à boire, à manger…) et qu’il ait tissé avec vous un lien affectif. Comptez une dizaine de jours avant de l’emmener au jardin. Procédez ensuite très progressivement, comme pour un chat qui arrive dans un jardin inconnu.

Jouez avec votre chaton à proximité de la maison lors de ses premières sorties au jardin.

EdI : Un chat peut-il faire de réels dégâts dans le jardin ?

V. D. : Tout dépend du degré de tolérance de chacun ! Mon grand-père pestait contre les chats qui prenaient ses semis comme litière. Il est vrai que les chats apprécient la terre meuble ou un tas de sable pour faire leurs besoins car il leur est facile d’y creuser un petit trou puis le le reboucher. Pour le reste, ce sont de grands délicats. Ils ne sont pas du genre à saccager une plate-bande ni à mâchonner les plantes, sauf s’ils ont des problèmes de comportement. Au pire, ils endommagent les jeunes plants lorsqu’ils passent dessus. Il leur arrive aussi de se faire les griffes sur un tronc, mais l’arbre n’en souffre pas, sauf cas extrêmes, quand le chat exagère vraiment…

EdI : Que se passe-t-il lorsque d’autres chats viennent dans « son » jardin ?

V.D. : Premier réflexe : votre chat va chasser l’intrus, qui réintégrera son propre territoire. Mais il se peut que la donne change au bout de quelques semaines et que votre chat commence à accepter ses « voisins ». Le jardin deviendra alors le théâtre de leurs joutes amicales ! Il peut aussi arriver qu’un chat agressif ou dominateur s’installe dans votre jardin, surtout si le vôtre est craintif. Dans ce cas, intervenez pour aider votre compagnon à chasser l’intrus. Si l’opération est couronnée de succès, il prendra probablement de l’assurance et saura par la suite défendre lui-même son territoire.

EdI : Faut-il aménager un coin repos pour son chat ?

VD. : Les chats savent parfaitement choisir eux-mêmes leurs coins repos – ils en ont du reste souvent plusieurs. Leur idéal : une cachette d’où ils peuvent tout surveiller !  Si vous souhaitez lui proposer un coin repos, mettez le à l’abri des courants d’air. Il doit être au chaud aussi, mais pas trop (attention aux fortes chaleurs l’été) : choisissez un endroit au soleil au nord de la Loire, plutôt à l’ombre au sud. Un sac de jute, un empilement de cartons, un amas de paille ou d’herbes sèches… Il en faut peu à votre chat pour le rendre heureux.

EdI : Quelles sont les plantes dont les chats raffolent ?

 V.D. : Aucun chat, ou presque, ne résiste à la cataire (Nepeta cataria), que l’on appelle communément « herbeaux- chats ». Cette plante les met dans tous leurs états : roulades, miaulements… certains en bavent même de plaisir ! Elle contient une molécule qui les euphorise, la népétalactone. L’effet est à la fois apaisant et stimulant, intense mais de courte durée (quelques minutes) et sans aucun risque de dépendance pour l’animal. Les chats apprécient aussi d’autres plantes odorantes : parmi elles, la germandrée « marum » (Teucrium marum), appelée aussi « thym des chats », la valériane officinale (Valeriana officinalis) et le calament glanduleux (Calamintha nepeta).

EdI : Certaines plantes sont-elles dangereuses pour eux ?

V.D. : Le chat est difficile : il ne mange pas n’importe quoi. Les risques d’intoxication par les plantes sont donc infimes. Quand il en mâchonne pour « se purger », comme on dit – en réalité, pour apaiser un petit mal de ventre –, il choisit des plantes tendres : de l’herbe, de jeunes plants… A contrario, les feuilles coriaces des lauriers-roses ou des rhododendrons, par exemple, qui font partie des plantes très toxiques, ne les attirent absolument pas. En revanche, surveillez davantage le jeune chaton, parfois tenté par des expériences inédites. Bannissez également les raticides et autres granulés anti-limaces, qui peuvent leur être fatals ! Optez pour des traitements « bio » ou, mieux encore, pas de traitements du tout. 

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EdI : Les chats grimpent-ils vraiment aux arbres ? Comment les faire redescendre s’ils s’aventurent trop haut ?

V.D. : Oui, les chats grimpent effectivement aux arbres. Leur apprendre à la fois l’audace et la prudence fait partie de leur initiation au jardin. Quand un chat fait ses premiers pas au jardin et qu’il se met à grimper aux arbres, il faut l’appeler régulièrement pour qu’il redescende. On le laisse ensuite progressivement s’aventurer plus haut. Ce sont souvent les jeunes chatons les plus impétueux qui se font peur en grimpant trop haut, mais une échelle suffit généralement pour les récupérer et il est rare de devoir appeler les pompiers pour les attraper. 

Les chats aiment se prélasser au soleil dans l’herbe haute. Ne tondez pas toute votre pelouse, laissez-leur un coin d’herbes folles.

EdI : Comment éviter que son chat ne chasse les oiseaux qu’on protège par ailleurs ?

 V.D. : La clochette ! Je l’ai expérimentée moi-même, mon chat ayant tendance à chasser les oiseaux chez mon voisin. Quand je m’en suis aperçue, j’en ai accroché une à son collier. Et ça marche. Les oiseaux sont prévenus quand il s’approche et ils ont le temps de s’envoler. En revanche, le son aigrelet de la clochette ne perturbe absolument pas les chats.

EdI : Est-il normal qu’un chat disparaisse pendant des heures ?

V.D. : Le chat possède un caractère indépendant. Quand on le laisse libre d’aller et venir, il ne se limite pas au jardin, mais peut s’aventurer assez loin, et ce davantage la nuit que le jour. Certains propriétaires, curieux de savoir jusqu’où leur chat pouvait aller, l’ont doté d’un système GPS. Ils ont alors été très surpris du chemin parcouru : 2 à 3 km à vol d’oiseau pour certains. Il faut savoir que les chats qui ne sont pas stérilisés s’éloigneront davantage.

EdI : Un chat en liberté peut-il se perdre ?

V.D. : Un chat adulte retrouve généralement son chemin s’il a bien pris ses repères étant petit. Le risque existe en revanche pour les chats « hyperactifs ». Livrés à eux mêmes, ces derniers sont capables de filer droit devant eux, oubliant de se repérer. Quand ils s’arrêtent, ils sont complètement perdus, incapables de retrouver leur chemin sous l’effet de la panique. Tatouage et médaille avec vos coordonnées sont alors très utiles. Les chatons, eux, détalent parfois de la même manière sous le coup de la peur. Pour éviter tout souci, ayez l’oeil lors de leurs premières explorations. Et s’ils paniquent, appelez-les afin qu’ils se calment et viennent se réfugier auprès de vous.

EdI : Un chat qui sort régulièrement doit-il avoir des vaccins particuliers ?

V.D. : Bien entendu, les vaccins habituels sont impératifs dès le plus jeune âge. Mais les bagarres entre chats étant fréquentes, il faut aussi le vacciner contre la leucose, un virus qui se transmet par la salive, par exemple lors de morsures. Le vaccin se fait dans la première année de l’animal et des rappels annuels sont recommandés.

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5 conseils pour laisser votre chat en liberté au jardin

  1. Ne laissez pas votre jeune chaton grimper trop haut : apprenez-lui toujours à redescendre avant de s’aventurer davantage.
  2. Le chat aime mâchonner l’herbe de la pelouse, sans risque pour lui.
  3. Tisser des liens affectifs forts avec votre chat l’aidera à explorer son jardin sans crainte et à y trouver ses repères.
  4. Évitez de placer nichoirs et mangeoires à portée de leurs griffes !
  5. Attention au Lys !  Ne cultivez pas de lis dans votre jardin si vous possédez un chat. Toute la plante, y compris le pollen, est toxique pour lui. L’ingestion provoque une insuffisance rénale aiguë qui peut conduire au décès. Attiré par le lis, le chat s’intoxique soit en mâchonnant ses feuilles, soit en se léchant : le pollen du lis, très abondant, se répand sur les poils de l’animal au moindre effleurement de la fleur. Vomissements et abattements sont les premiers symptômes qui doivent vous alerter. Consultez le plus rapidement possible.