Oléron est une île, où la nature se vit de façon intense, recèle des pépites à découvrir aux côtés de ceux qui savent le mieux en parler : ses habitants.

Il faut sortir des sentiers battus pour découvrir les trésors de l’île, tout comme il faut prendre le temps avec ses occupants pour qu’ils se livrent. Si l’Oléronais est un peu « rugueux » au premier abord, c’est pour mieux masquer une profonde timidité. Une fois cette barrière franchie, il se révèle aussi chaleureux que généreux. Comme beaucoup d’insulaires, il fait montre de la rudesse de ceux qui ont été habitués à lutter contre les éléments, même si Oléron fut davantage une terre de paysans que de pêcheurs. À partir de 1950, son minigolf, dont chaque trou représente un monument de la région, attire des générations de Périgourdins. Il a été entièrement restauré cet hiver et la guinguette Art déco est devenue une brasserie courue. Sa terrasse, l’une des rares à donner directement sur cette rivière que l’on peut dorénavant longer à vélo sur près de cent kilomètres, est prise d’assaut dès les beaux jours.

Des îliens les pieds sur terre

La légende des naufrageurs, ces pirates de la terre, raconte même que, pour profiter de leur droit de bris qui les autorisait à ramasser ce qu’ils trouvaient sur les plages, les habitants attachaient des « bougies » aux cornes leurs vaches, qu’ils postaient sur la côte. Croyant à des balises maritimes, les navires venaient alors s’y échouer. C’est là l’une des anecdotes de Patrice Saintespes, guide pour l’office de tourisme. Avec lui, on parcourt Saint-Pierre-d’Oléron dans les pas de l’illustre Pierre Loti qui, conformément à ses dernières volontés, est enterré dans le jardin de la « Maison des aïeules » alors qu’il n’y a jamais résidé. L’écrivain et officier de marine racheta en 1899 ce vaste logis bourgeois, jadis habité par ses tantes et qui renferme ses souvenirs d’enfance. À Saint-Trojan-les-Bains, le guide passionné fait revivre les heures fastes de la station balnéaire créée en 1898, dont témoignent les nombreuses demeures Belle Époque aux volets couleur pastel qui bordent le front de mer. Aujourd’hui, on le sillonne à vélo, traversant la vaste étendue forestière dont les pins maritimes, les chênes verts et les genêts ont été plantés au xixe siècle pour protéger le cordon dunaire. Ludovic Mordant vous attend dans le petit port de pêche pour 2 heures de balade en canoë-kayak dans les chenaux qui alimentent les claires, où eau douce et eau salée se mélangent. Plus on avance sur ces bras de mer qui rétrécissent, plus la nature reprend ses droits. On s’arrête, en sa compagnie, mâchonner un morceau de salicorne, le haricot vert de la mer, tout en admirant les vols d’oies bernaches, dont c’est le lieu d’hivernage favori. De téméraires mulets bondissent devant le canoë, à portée de main.


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Le paysage d’Oléron raconte l’histoire

Dans cette partie de l’île, les claires à huîtres ont peu à peu remplacé les marais salants qui firent la richesse de la commune jusqu’à la fin du xixe siècle. Avec la chute du commerce du sel, les paysans-sauniers se sont reconvertis en marins-ostréiculteurs. Une histoire que raconte l’écomusée du port des Salines, qui s’attache, dans un paysage de carte postale, à expliquer le travail du saunier. Sur cette île de 175 km2, la plus grande de France après la Corse, les étendues de sable fin laissent place à l’estran rocheux, les chenaux ostréicoles aux écluses à poissons, la forêt à la vigne, les dunes aux falaises. En remontant vers le nord, on se laisse guider par les rayures noires et blanches du phare de Chassiron, mis en service en 1836.

Paysans de la mer

On y découvre, dans un espace à la scénographie flambant neuve, la manière de vivre des « paysans de la mer » oléronais, en lien avec leurs trois métiers ancestraux, la vigne, le sel et la pêche. Du haut de ses 46 mètres, on admire l’estran rocheux, qui semble avoir été travaillé en arcs concentriques, et le dessin des écluses en pierre construites par l’homme pour pêcher. La réserve naturelle de Fort-Royer abrite, elle, un authentique village d’ostréiculteurs. Évelyne Morgat, femme de marin, petite-fille d’ostréiculteur, raconte l’obstination de ces hommes et ces femmes.

3 bonnes adresses pour des vacances à l’île d’Oléron

  • Le grain de sable 839, rue de l’Océan, Domino, 17190 Saint-Georges-d’Oléron, 05 46 76 52 28
    Dans un cadre préservé, au pied de la dune, Fabrice Roux, qui a vécu aux Antilles, revisite le terroir avec une pointe d’exotisme
  • La Fine Goule 61, rue de la République, 17310 Saint-Pierre-d’Oléron 05 46 75 64 75
    On trouve dans cette épicerie fromagerie un large choix de produits de l’île d’Oléron. Depuis le Oléron-cola jusqu’aux conserves de La Lumineuse, en passant par le sel Montauzier ou le vin.
  • Island Kayak 9, L’Aiguille, 17310 Saint-Pierred’Oléron 07 82 51 72 17 Balade de 2 h avec Ludovic Mordant

Texte Patricia Marini. Photos Cécile Labonne


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