Au printemps, le lupin s’impose avec majesté au milieu de vivaces rustiques ou montant seul la garde devant une palissade. Ses hampes lourdes de fleurs composent également de somptueux bouquets.

C’est en mai que l’on voit se dresser vers le ciel les grands épis floraux et colorés des lupins. Cette vision nous renvoie spontanément à des images d’anciens jardins campagnards. Nos plates-bandes de vivaces estivales ne sauraient se passer de ces glorieux étendards dont la large palette de coloris s’harmonise à merveille avec les alliums, pivoines et autres pavots d’Orient. On s’étonnera d’apprendre que les lupins ne sont cultivés par les horticulteurs que depuis quelques générations. L’ancêtre de toutes ces variétés éclatantes est le lupin polyphylle (Lupinus polyphyllus) aux fleurs bleues, originaire d’Amérique du Nord.

Des variétés à foison

Débarquées en Angleterre en 1826, les variantes bleues et violettes de cette plante vivace n’ont mis que quelques décennies pour faire souche. Le début du xxe siècle a vu naître et se développer un intense travail d’hybridation au cours duquel furent croisées des variétés probablement originaires, elles aussi, d’Amérique. Aujourd’hui encore, les obtentions de George Russell (1857-1951) sont les plus connues. C’est à cet horticulteur anglais que nous devons ‘Le gentilhomme’, ‘Les pages’ et ‘La châtelaine’. Les plantes remarquables et remarquées de cette série, comme ‘Mon château’, peuvent s’étirer jusqu’à un mètre. On lui doit aussi des variétés bleues, jaunes, blanches, rouges ou roses. Leur taille plus modeste (de 50 à 60 centimètres de hauteur) leur a valu leur nom de lupins de jardin nains. Récemment, de nouveaux lupins de cette catégorie très résistante ont pris d’assaut nos parterres, comme les bicolores ‘Manhattan Lights’, jaune et violet, ou ‘Masterpiece’, orange et mauve. Cette série ‘Westcountry’ regroupe une douzaine de variétés à grandes fleurs de couleurs vives et hautes tiges stables et robustes qui se passent très bien de tuteurs. Tout comme les hybrides de Russell, ces variétés proviennent d’une pépinière anglaise : elles valurent à leur obtentrice, Sarah Conibear, plusieurs prix lors du Chelsea Flower Show de réputation mondiale, dont une médaille d’or en 2010.

Tous les lupins de jardins préfèrent les emplacements ensoleillés et les sols profonds, bien drainés et surtout peu calcaires. À condition de couper tout de suite les fleurs fanées, on peut espérer voir refleurir la plante à la fin de l’été. Il faut savoir que les lupins supportent mal un déménagement, qui peut leur être fatal. De la même manière, les lupins ne se multiplient pas par division, et il vaut mieux procéder par bouturage, au printemps, en laissant la plante-mère là où elle se trouve. Elle continuera à vous offrir le spectacle de ses fleurs magnifiques pendant trois ou quatre ans. Et un festival de couleurs toujours renouvelé.

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  1. Sous son éclatante livrée rouge carmin, ‘Les pages’ se révèle encore plus toxique que les autres lupins de jardin (Lupinus polyphyllus hybride). Il s’agit pourtant d’une fleur mellifère butinée avec délectation par les bourdons.
  2. Le ‘Chandelier’ porte des fleurs jaunes s’épanouissant de la base au sommet. Une taille pratiquée avant la formation des graines favorisera une deuxième floraison.
  3. Les variétés anciennes comme la petite ‘Gallery Blue’ bleu et blanc, sont presque toutes signées de l’horticulteur anglais George Russell qui sélectionna des variétés parmi les lupins polyphylles (Lupinus polyphyllus) d’origine américaine.
  4. Plantés en massifs, les lupins sont encore plus impressionnants. Il faut savoir que cette plante vivace ne déploie généralement toute sa beauté qu’à partir de sa deuxième année.
  5. Les feuilles palmées du lupin, caractéristiques, comportent de 9 à 17  folioles.
  6. Le lupin ‘La Châtelaine’ se distingue par des épis très denses pouvant atteindre 1 m de hauteur. Associé avec les iris barbus et la ciboulette, il forme un parterre du meilleur effet.