Au bout du chemin, cette demeure auvergnate, restaurée dans le respect de ses vieilles pierres, a retrouvé sa quiétude. Une maison qui vous veut du bien. Un lieu idéal pour se ressourcer au cœur de douces montagnes.

Pourquoi cette impression de déjà-vu ? La forme de la maison, semblable à un dessin d’enfant, y participe sans toutefois expliquer cette sensation diffuse de visage familier. Nous n’avons pourtant jamais mis les pieds dans le fin fond de la vallée du Goul (Cantal). Nous, non, mais… la caméra de Dominik Moll, oui. La maison de la Roussière fut, en 2000, l’un des personnages principaux du film culte Harry, un ami qui vous veut du bien. Cette demeure de maître construite en 1834 n’était alors qu’une ruine ou presque, après un abandon d’un demi-siècle durant lequel elle fut pillée et squattée. Éloignée de toute âme qui vive, elle formait un cadre parfait pour un des films les plus angoissants qui soient.

Christian et Brigitte, un couple de Bruxellois, l’ont adoptée en 2001. « Désir de calme, de chaleur, de voir loin, de petites montagnes et d’un site pas encore trop exploité touristiquement. » Trois ans et demi de travaux furent nécessaires avant de pouvoir accueillir leurs premiers hôtes. Il a fallu décaper les poutres noires de suie, débarrasser les murs en pierre d’une épaisse couche de chaux. Quant à la salle de bains, entièrement carrelée de rose fuchsia pour les besoins du film, elle fut entièrement désossée – n’en déplaise aux cinéphiles nostalgiques. La restauration, si laborieuse fut-elle, réserva de belles surprises comme la révélation d’une chapelle du xviie siècle, masquée par un mur de 90 cm d’épaisseur. Elle avait été réclamée par les habitants du hameau, las de ne pouvoir se rendre à l’église par mauvais temps. « Ces décennies d’abandon ont préservé la bâtisse d’une restauration moche », se réjouit Christian. Elle a conservé intacts ses attributs typiquement auvergnats comme l’aiguière (souillarde) ou le vaste cantou – mot désignant aussi bien la cheminée que les bancs coffres qui s’y trouvent. On y rangeait le sel (lequel, près du feu, demeurait bien au sec) et l’aïeule assise dessus veillait sur la précieuse denrée. Ce sont aujourd’hui la chatte Pline et le chien Hysope qui profitent de la chaleur des flammes et des caresses des hôtes de passage.

Des matériaux solides

Dans cette maison se sont succédé des générations de familles nombreuses vivant en quasi-autarcie. On sait que jusqu’à 1908, l’oncle et prêtre de la famille se chargeait de l’instruction des enfants. Le banc d’école à cinq places, une rareté, témoigne de cette pratique. Dans les étages nous attendent d’autres vestiges : le bois des anciens coffres à grains délimite dorénavant l’alcôve du petit coin tandis que l’on distingue encore, sur les poutres du grenier devenu dortoir des minots, les chiffres romains gravés par les charpentiers. Ceux-ci réalisaient un montage à blanc, au sol, avant d’assembler les pièces suivant un ordre prédéfini. Les planches devant supporter la lourde toiture de lauzes avaient une épaisseur de 3 à 5 cm. Bien d’autres histoires meublent les belles soirées de la Roussière.

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  1. L’enduit « beurré » (couvrant légèrement les pierres) a été intégralement refait, à l’intérieur comme à l’extérieur de la maison. Les boiseries des portes et des fenêtres sont peintes d’un gris bleuté, typique de la région.
  2. Les arrière-arrière-grands-parents de Christian – Louis-Nicolas et Florence – portraiturés en 1843, se font face de part et d’autre du salon.
  3. Une forte solidarité unit encore les habitants de cette rude contrée.
  4. L’escalier d’origine était suffisamment large pour permettre le passage d’un homme chargé d’un sac de grains. Il possède un remarquable quart-tournant taillé dans un tronc d’arbre, très rare.
  5. L’aiguière se compose d’étagères en pierre de lave et d’un évier taillé dans la pierre, doté d’une évacuation à l’extérieur de la maison.
  6. Dans la cuisine, une ancienne cheminée en brèche volcanique accueille les fourneaux.

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