La porcelaine de Limoges est une des plus réputées en France. Retour sur un parcours immaculé.

La porcelaine de Limoges

Si je vous dis porcelaine, vous pensez forcément Limoges. Pourquoi Limoges est-elle devenue une référence en la matière ? Réponse de Jean-Claude Laborie, directeur d’usine chez Royal Limoges, la plus ancienne fabrique de la ville encore en activité, fondée en 1797 : « Limoges s’est spécialisée dans le haut de gamme. » On est chauvin là-bas. La ville n’a pas le monopole de l’excellence, Sèvres n’est en effet pas en reste. Un coup de pouce du hasard explique aussi ce fabuleux destin : la découverte d’un gisement de kaolin à la fin du xviiie siècle, à Saint-Yrieix-la-Perche, au sud du département. Cette argile blanche très pure permet d’obtenir une porcelaine dure, c’est-à-dire non rayable à l’acier. Avant cette découverte, la Manufacture de Sèvres dans le département des Hauts-de-Seine fabriquait une porcelaine dite tendre. Par la suite, elle se lança dans la fabrication de porcelaine dure. Cependant, la proximité du gisement de kaolin de Limoges favorisa le développement des manufactures in situ. Par ailleurs, le Limousin était une région très pauvre, avec une abondante main-d’œuvre. Turgot, alors intendant de la ville, vit dans le développement de cette industrie une opportunité pour créer du travail.

La porcelaine de Limoges

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Révolution industrielle

C’est avec la révolution industrielle et la maîtrise du feu que les procédés de fabrication s’affinèrent. D’importants moyens accordés par les porcelainiers pour l’amélioration des techniques – nouvelles machines, fours puissants expliquent également l’essor de la porcelaine de Limoges qui fut considérable entre 1870 et 1910. Le département de la Haute-Vienne comptait alors environ quatre-vingt-dix manufactures ; il en reste aujourd’hui seize, dont Royal Limoges qui appartient à la même famille depuis plusieurs générations. Si la porcelaine de Sèvres était réputée pour ses décors, Limoges s’est fait connaître pour ses blancs époustouflants, présentés par plusieurs manufactures, notamment à l’Exposition universelle de 1900. « À l’époque, c’était très avant-gardiste, cette porcelaine blanche », nous explique Thomas, guide au musée des Casseaux (voir encadré). Une belle porcelaine se signale par son caractère translucide Elle doit par ailleurs résister au temps et à l’usure. Enfin, la sonorité d’une porcelaine est plus aigüe que celle de toute autre céramique. La finesse n’est aujourd’hui plus un critère esthétique car les moyens techniques permettent d’obtenir tout ce que l’on souhaite. Royal Limoges s’est spécialisé dans les arts de la table et les objets de décoration. La manufacture fournit les plus grands palaces parisiens, du Ritz à l’hôtel de Crillon, en passant par le George V. Royal !

  1. La pâte à porcelaine à base de kaolin est préparée dans cet imposant broyeur. Elle sera ensuite transformée en galettes ou boudins.
  2. Pour fabriquer les moules qui vont servir à réaliser les pièces en porcelaine, il faut d’abord gâcher le plâtre. Un modèle est d’abord conçu et testé avant d’être reproduit en plus grand nombre.
  3. L’ancien four de cuisson des Casseaux, tout près de la manufacture Royal Limoges, vaut la visite. On y voit aussi les gazettes protectrices où étaient enfermées et cuites les pièces en porcelaine.
  4. Le fond du moule est gravé du nom de la pièce concernée. Un moule peut être utilisé de 50 à 70 fois.
  5. La matrice qui va servir à la fabrication d’un moule de tasse est enduite d’antiadhésif puis savonnée au pinceau.
  6. La manufacture Royal Limoges est spécialisée dans les arts de la table et la décoration pour l’hôtellerie.

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