Dans son ouvrage Sculpter la forêt, Guillaume Ougier nous livre sa version de la sculpture sur bois, mais aussi sa conviction d’une nécessaire reconnexion à la forêt pour mieux la connaître et la protéger.
Il est sculpteur, mais il joue avant tout avec la matière en fonction de ce qu’elle lui suggère. Guillaume Ougier tourne, grave, découpe, sculpte et essaie en permanence de laisser les bois raconter les histoires qu’ils contiennent. Certains d’entre eux semblent davantage destinés à devenir des vases ou des bougeoirs sur le tour à bois, d’autres des soliflores taillés à la main. Certaines planches récupérées appellent la création de plateaux à légumes. Il essaie de rester à l’écoute et de prendre le temps de la réflexion, de ne pas brusquer les choses pour ne pas gâcher et perdre cette matière précieuse.
Guillaume ne travaille de ses mains que le bois. Il se dit fasciné par la nécessité d’en passer souvent par la force pour arriver au sensible. « Dans le bois se mêlent la résistance et la fragilité, la grandeur démesurée de l’arbre et le microcosme qu’il génère, la longévité du temps de pousse et son inscription dans un éphémère ». Bien que les bois soient également multiples, il ne travaille que des bois produits localement. Nul besoin d’aller chercher de la matière ailleurs que dans l’environnement proche de l’atelier, en Lorraine, tant il est riche. Quant à la forêt en elle-même, elle est pour lui un refuge. Ayant grandi dans les Vosges, il a beaucoup marché en montagne, dans les bois, cueilli, ramassé, et vécu le paysage. « Tout y est source d’émerveillement : lever les yeux vers les cimes, admirer la complexité des lichens, la puissance des teintes variées, vivre les saisons, le vent, la pluie… La forêt a abrité tant de mes pérégrinations qu’elle fait partie de moi ».
C’est ainsi qu’il souhaitait raconter la forêt par le biais du lien entre l’arbre et la main et, par extrapolation, entre la nature et l’homme avec Marie Baumann, son éditrice. Le livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent aborder la forêt sous l’angle de la création respectueuse avec une volonté de revenir à une certaine forme de simplicité. « Expérimenter, toucher les écorces, peser à main nue les matériaux, tout cela constitue la base de la démarche. Les objets sont des prétextes pour se rapprocher de l’essentiel ». Des conseils pour se lancer dans le travail du bois ? Prendre le temps, ne pas brusquer les choses, écouter la matière et accepter l’idée que la lenteur est souvent de mise. Travailler le bois se fait avec patience !
Propos recueillis par Isabelle Yaouanc pour Esprit d’Ici.
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