Une pêche étonnante et conviviale

Bienvenue au pays des mille étangs précise le panneau accueillant les visiteurs à l’entrée de la Dombes. Située au nord de Lyon, non loin de Bourg-en-Bresse, cette région est quelque peu méconnue. Elle est pourtant riche d’un patrimoine naturel unique en France. Créés au xie siècle par les moines, les étangs ont longtemps constitué une importante ressource économique grâce à l’élevage des poissons. Ils couvrent 12 000 hectares et appartiennent à environ 300 propriétaires. Construits en réseaux, ils donnent lieu très souvent à des conflits de voisinage. Le droit coutumier, et non le code civil, régule encore les différends.

Pour la beauté du geste

Autre particularité : l’étang repose sur un mode d’exploitation original, avec une alternance de périodes « en eau » pendant laquelle on élève des poissons et « en assec », lorsque l’étang est mis en culture. L’eau, qui circule d’un étang à l’autre, n’appartient pas au propriétaire, seul le foncier lui revient. L’année précédant la pêche, des alevins d’espèces différentes sont introduits dans les étangs dombistes. Ils se nourrissent seuls grâce à une chaîne alimentaire complète et naturellement présente. Un détail appréciable de nos jours : cet élevage 100 % écologique ne nécessite aucun apport alimentaire, notamment de farine de poisson. Une bonne raison pour apprécier les poissons d’eau douce… et l’occasion d’aller les pêcher.

Les étangs de la Dombes

Les pêches ont lieu chaque année de septembre à mars. Les poissons étant des animaux à sang froid, ils sont plus calmes lorsque la température de l’eau est basse. Les étangs sont vidés progressivement de leur eau grâce à l’ouverture du thou (ouvrage permettant de vidanger l’eau) ; il faut parfois plusieurs jours. L’eau s’en va mais les poissons, retenus dans un bief (fossé creusé dans la partie basse de l’étang), sont sortis au moyen de grands filets. Le savoir-faire des pisciculteurs est à ce stade très important pour ramener la masse de poissons vers le bord et les récupérer avec une grande épuisette. Ils sont alors triés par espèces : des carpes, tanches, brochetons, brochets, rotengles, sandres… La pêche est ensuite calibrée et pesée. Les carpes représentent environ 60 % de l’élevage. Elles sont vendues en Allemagne pour consommation et en Angleterre comme appâts pour d’autres pêches. Une petite partie est transformée sur place, en Dombes. On trouve ainsi de la carpe fumée, délicieuse accompagnée d’une salade verte. Longtemps lucrative, la pisciculture d’étang n’est plus une véritable source de revenus en Dombes mais la tradition des pêches demeure pour la beauté du geste et le plaisir de se réunir.

  1. Après plusieurs années passées ces vastes étendues d’eau, les poissons peuvent atteindre une taille imposante.
  2. Les hommes se réunissent pour une journée de pêche que se déroule en plusieurs étapes. Le thou qui retient l’eau a en général été ouvert plusieurs jours auparavant. Le jour J, il faut installer les filets tôt le matin et, plus tard, les tirer pour rassembler les poissons sur le bord de l’étang.
  3. La carpe est reine des étangs de la Dombes et cette belle prise ne pouvait pas passer entre les mailles du filet.
  4. Tous les étangs de la Dombes sont vidés afin de récupérer les poissons qui y sont élevés.
  5. Décidément l’emblème de la Dombes, la carpe sera en partie transformée en appât pour d’autres pêches et exportée entre autres au Royaume-Uni.
  6. Chacun à son poste ! Pour un travail plus efficace, les hommes se répartissent les tâches. Certains se préparent à attraper les poissons ramenés entre les filets avec une épuisette. Les casiers sont prêts pour les accueillir. C’est là qu’ils seront ensuite triés par taille.