La trompette-de-la-mort se ramasse à la pelle lorsqu’elle pointe son nez sous les feuilles d’automne. Dans l’assiette, elle se faut légère et croquante
Texte: Jean-Louis André. Photos Marie-José Jarry.
Le trésor caché des sous-bois !
On dit que dans certaines régions, à une période précise de l’année, La trompette-de-la-mort forme un tel tapis qu’on peut la moissonner… à la faux. Bon : on connaît aussi (surtout !) nombre d’infortunés cueilleurs qui sont rentrés bredouilles de leur après-midi. Car ce champignon est capricieux : il sort ou il boude. Et si l’on n’est pas aguerri, on risque fort de passer devant un gisement sans le repérer.
C’est sans doute une question de méthode : pas question de laisser flotter son regard, comme pour le cèpe qui se repère de loin. D’accourir comme pour les girolles qui nous appellent avec leur orange pétard. Les trompettes portent la tenue camouflée, entre noir et brun. Résultat, on doit avancer tête baissée, scruter les feuilles mortes et les mousses. Et le hasard fait le bonheur. Cependant, il faut s’obstiner, cela vaut la peine. Peu de chance de confondre la trompette avec une autre espèce plus ou moins toxique. Ce pied en tube qui se replie en forme de collerette plus ou moins festonnée n’a pas de sosie. Toute la famille peut donc se mettre à la cueillette. Et pour peu que l’on ait un peu de chance, le panier ne va sans doute pas tarder à déborder. Les trompettes sont une sorte d’écume des forêts ; légères, vaporeuses, elles s’étalent en abondance comme un gros trésor charbonneux sur la table de la cuisine au retour d’un après-midi en forêt. Reste à les cuisiner. Petite corvée de nettoyage, passage sous le robinet obligatoire pour éviter que les grains de terre ne craquent sous la dent, puis cuisson à la poêle ou à la cocotte et beurre frais au dernier moment.
Ça chante, ça sent bon. Et là, ce champignon vraiment capricieux nous livre son ultime pirouette. Vu l’abondance de la cueillette, on pensait tout à l’heure pouvoir inviter les voisins, mais les trompettes ont tellement réduit qu’il va falloir s’en régaler entre nous… comme d’un nectar !
Comment les chercher ?
Les trompettes-de-la-mort poussent à l’arrière-saison, aux alentours de la Toussaint (d’où leur surnom qui se décline également en trompettes-des-morts). Elles colonisent alors les talus par plaques et se cachent entre feuilles mortes et herbes hautes. Se lover sous les chênes, les hêtres ou les châtaigniers leur convient parfaitement. Comme pour tous les champignons, une averse suivie d’un peu de soleil est favorable, mais attention : il y a des années avec et des années sans !
Comment les préparer ?
Pour éviter toute trace de sable ou de terre, il faut nettoyer les trompettes dès la cueillette en coupant le pied à ras. Les laver ensuite rapidement à l’eau légèrement vinaigrée. Les faire réduire doucement dans une poêle avec ail et persil. Attention, elles contiennent beaucoup d’eau et réduisent à la cuisson. Quant aux trompettes séchées, on les cuisine telles quelles (en les réhydratant 10 mn dans de l’eau tiède) ou réduites en poudre.
- Terrine de foies de volaille aux trompettes-de-la-mort
- Œufs cocotte aux trompettes-de-la-mort
- Petites tourtes forestières
- Lapin rôti aux trompettes-de-la-mort