Avec son air d’acropole entre vignes et lavandins, Grignan, village de la Drôme provençale doit sa renommée à son château et à la marquise de Sévigné, célèbre épistolière contemporaine de Louis XIV.

Grignan : entre raffinement et fortification

En cette journée d’été, les derniers rayons du soleil colorent d’un rose orangé les façades Renaissance et les imposants remparts du château de Grignan. Ce contraste architectural entre raffinement et fortification illustre à merveille l’histoire des lieux. Construit sur un piton rocheux, l’édifice fut tout d’abord une forteresse.

Une première muraille médiévale dotée d’une douzaine de tours de défense ceinturait le village auquel on accédait par sept portes. L’actuelle tour de l’Horloge, construite au XIème siècle, fut une porte fortifiée avant de devenir un beffroi au XVème siècle. Au détour d’une ruelle se trouve encore l’ancien four banal mis jadis à la disposition des villageois. En suivant les calades, ces chaussées pavées de galets, on arrive bientôt au chemin de ronde. Dominant les toits de tuiles romaines au charme provençal, il conduit jusqu’à la collégiale Saint-Sauveur, édifiée à la Renaissance.

La collégiale Saint-Sauveur

Son architecture d’apparence massive a de quoi surprendre au premier abord mais l’on comprend vite que l’édifice religieux fut construit contre le rocher et intégré aux remparts du château, la terrasse de ce dernier lui servant de toit. La collégiale abrite aussi la tombe d’une personnalité marquante de la ville, la marquise de Sévigné, dont la fille, Françoise-Marguerite, devint comtesse de Grignan et à qui elle rendit visite à trois reprises pour des séjours de plusieurs mois.


Lire aussi : Vacances en France : le Périgord au fil de l’eau


Château de Grignan : Un destin mouvementé

Le grand escalier d’honneur de l’entrée monumentale côté sud force l’admiration. La vie y était si fastueuse que madame de Sévigné le surnomma le « Versailles du Midi ». Son gendre, François Adhémar, lieutenant général et vice-gouverneur de Provence, imprime en effet un train de vie en rapport avec son rang et fait vivre une cour de près de cent personnes.

La chambre de la fille de madame de Sévigné, la comtesse de Grignan, a retrouvé son lustre d’origine.
Statue de Mme de Sévigné

Mais le faste ne dure pas et, à la fin de sa vie, François Adhémar est ruiné. Pauline de Simiane, sa fille, vend le château, lequel sera en partie détruit pendant la Révolution. En 1912, une riche Parisienne, Marie Fontaine, acquiert l’édifice, qui s’apparente alors à un tas de décombres. La façade Renaissance n’existe plus et les tours sont gagnées par le lierre. Douze années durant, accompagnée d’experts avisés, d’artisans et d’artistes, elle organisera la reconstruction dans un style se voulant fidèle à l’esprit de l’époque. C’est grâce à cette initiative providentielle que le château de Grignan resplendit à nouveau de sa magnificence, dominant l’un des Plus Beaux Villages de France.

Modèle réduit

Tombé sous le charme de Grignan, Jean-Claude
Vangierdegom s’y est installé dès qu’il fut à la retraite.
Cet ancien architecte se passionne alors pour le
patrimoine bâti au point d’en réaliser des maquettes
en trois dimensions, d’une fidélité stupéfiante.
Après le château de Grignan, il façonne dans le carton
peint, à l’échelle 1/33, les chapelles et lavoirs de la
région ainsi que le château de Simiane, qui accueille
désormais son exposition permanente.

Une entrée au château de Grignan est à 8€ pour les adultes et 9€ pour les 12-17 ans.

Texte et photos Paul-André Coumes


Lire aussi : Vacances en France : L’Ardèche