La route des Crêtes, en Alsace, chemine à travers de magnifiques paysages, conjuguant tous les plaisirs de la découverte : nature, histoire et cuisine de terroir. À arpenter sans modération.
Bienvenue en Alsace, une région au sommet de la beauté
Soixante-dix-sept kilomètres de panoramas idylliques, de pentes boisées de hêtres et de sapins, de lacs multicolores… Ça vous dit ? Au départ de Cernay, la route des Crêtes, en Alsace, peut se parcourir à pied si l’on dispose d’un peu de temps, ou en voiture en faisant de nombreuses haltes. Si vous aimez découvrir la faune, la flore, l’histoire et les plaisirs de la table, cette route est pour vous. Créée pendant la Première Guerre mondiale dans un but tactique, elle assurait la communication et la logistique entre les différentes vallées vosgiennes : vallée de la Doller, de la Thur, du Florival, de Munster, de la Weiss et de Sainte-Marie-aux-Mines. Autrefois stratégique, voilà à présent une magnifique possibilité de randonnée. À peine sur le chemin, les pauses s’imposent. Entre Cernay et Vieux-Thann, la Thur est une rivière qui possède encore des portions sauvages. Les paysages toujours changeants s’étendent sur une promenade de 3,5 kilomètres et il vous faudra bien deux heures afin de profiter de ces zones protégées. Les amateurs d’ornithologie auront peut-être la chance d’observer le petit gravelot, un oiseau qui vit sur les bancs de galets de la rivière. On reprend la grand-route en direction de Wattwiller, où un promontoire situé à 956 mètres d’altitude domine la plaine d’Alsace. La mémoire de la Grande Guerre est ici célébrée. Ce fut un triste champ de bataille où plus de trente mille hommes périrent. Classé aux Monuments historiques, le site se visite à pied. On peut faire ainsi l’ascension jusqu’à la Grande Croix de Vieil-Armand. Assez cheminé, on passe à table ! Les offres de repas ne sont pas un des moindres intérêts de la route des Crêtes. Les marcairies étaient autrefois des propriétés d’agriculteurs de montagne, à la fois éleveurs et fromagers. Transformées aujourd’hui en fermes-auberges, elles conjuguent activités agricoles et accueil à la ferme. La cuisine est préparée avec les produits de l’exploitation. Et c’est souvent bon. Ces établissements ont d’ailleurs leur menu emblématique : le repas marcaire – nom donné à la personne qui s’occupait des vaches. Il est constitué généralement d’une tourte de la vallée à la viande hachée, de roïgabragaldi, soit de la viande fumée et des pommes de terre, cuites autrefois dans le feu qui servait à chauffer le lait pour l’élaboration du fromage, munster ou fromage frais avec de la crème fraîche, de l’eau-de-vie et du sucre, et enfin une tarte du jour.
Activité de moyenne montagne
Le maillage des fermes-auberges est tel qu’on peut faire toute la route en vagabondant d’un établissement à l’autre. Il en existe plus de quarante. On a choisi celle du Haag, à Willer-sur-Thur, pour son ambiance chaleureuse et la cuisine de terroir et d’exception. Les propriétaires qui produisent un très bon fromage nous apprennent que l’intérêt des fermes-auberges n’est pasuniquement touristique. Elles ont permis à l’agriculture de moyenne montagne de perdurer en maintenant un tissu économique et social. En certaines périodes, on peut d’ailleurs voir les chaumes qui dynamisent le paysage, prouvant ainsi que l’activité agricole se poursuit parallèlement à celle du tourisme. Mieux : en symbiose avec le tourisme. On reprend la route pour découvrir le site du Grand Ballon. Il s’érige à 1 424 mètres. C’est le plus haut sommet du massif vosgien qui offre une vue au loin : plaine d’Alsace, Forêt Noire et même le Mont-Blanc. La flore y est caractéristique avec environ deux cent quarante espèces floristiques, dont quatre espèces endémiques comme la petite androsace. On poursuit jusqu’à Sondernach, dans la vallée de Munster.
Un lac aux mille couleurs
Ici, une étape s’impose pour découvrir la ferme-auberge de Michel Schertzinger. Passionné par sa région, il lutte pour la réhabilitation de races anciennes comme la poule noire d’Alsace ou la race bovine vosgienne dont l’élevage avait périclité à l’époque des Trente Glorieuses et de la standardisation. L’homme est passionnant, la cuisine réconfortante, mais l’itinéraire nous réserve encore d’autres délices culinaires et paysagers. Remontons donc sur les crêtes en direction des lacs Vert et Forlet. Le premier doit son nom aux sapins qui se reflètent dans ses eaux ainsi qu’à une algue qui y prolifère de fin juin à fin juillet. Le second est le plus élevé de tous les lacs vosgiens. Il est orné de mille couleurs et de paysages exaltants, tourbière, parois abruptes, éboulis de pierres et forêts de sapins. Il faut deux heures de marche pour rallier les deux lacs. Un peu plus au nord, on peut admirer le lac Blanc, magnifique lac d’altitude qui doit son nom à la couleur de son sable cristallin tapissant le fond. À 1 055 mètres, il occupe un cirque glaciaire naturel entouré de rochers et de sapins. Enfin, avant d’achever cette route qui se prête à de nombreux détours buissonniers, on pourra s’arrêter à la ferme du Kalblin, non loin de Kaysersberg. Elle propose des tisanes et autres plantes médicinales, pour certaines cultivées en agrobiologie sur la propriété et pour d’autres cueillies dans les prairies, friches et forêts environnantes. Pour remporter avec vous, en plus de vos souvenirs, le goût de cette nature grandiose.
- Près de Thann, le moulin de Storckensohn se visite. Il produit une fameuse huile de noix artisanale.
- Avec ses douces montagnes,le massif des Vosges est un poumon vertau sein d’une région densément peuplée.
- À Wasserbourg, la ferme-auberge du Strohberg produit d’excellents munsters au lait cru.
- Kaysersberg, cité natale du Dr Schweitzer, a hérité des valeurs de l’illustre Prix Nobel de la paix.
- Des initiatives privées ont permis de revaloriser l’élevage de races traditionnelles de bovins.
- Les fermes-auberges qui accueillent les touristes pratiquent toujours l’élevage et l’agriculture, en laissant la part belle à la nature environnante.
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