Impressionnante, la parade amoureuse du lièvre est un spectacle privé auquel il est souvent difficile d’assister… Retour sur une curieuse entreprise de séduction.

Discret, il se cache pendant la journée. Le lièvre ne creuse pas de terrier comme le lapin, il se contente d’un léger creux dans le sol. Tapi dans son gîte, les oreilles plaquées sur le dos, il sait se rendre invisible, parfaitement dissimulé derrière un buisson ou une motte de terre. Bien qu’il soit présent dans toute la France, on le croise souvent très furtivement… Parce que cet animal solitaire à l’inquiétude chronique se méfie de tout. Quand il part en promenade, à l’aube ou au crépuscule, il ne progresse que par petits bonds prudents. Dressé sur ses pattes arrière, il hume l’air, écoute les bruits et surveille le moindre mouvement alentour. Toujours prêt à fuir, il peut détaler à plus de 60 km/h s’il le faut ! Ses longues pattes musclées et son ouïe hypersensible le protègent contre l’effet de surprise, mais il n’est jamais à l’abri d’une attaque mortelle de la part de l’un de ses prédateurs. Le lièvre redoute en permanence la venue d’un lynx, d’un loup, d’un renard ou d’un homme. Tout comme il se méfie du hibou grand-duc, de l’aigle et de l’autour. Cet animal farouche sort de sa réserve au moment du bouquinage.

C’est la période de l’accouplement, et elle peut durer plusieurs mois (de décembre à août) avec un pic d’activité en avril-mai. Là, les couples semblent oublier jusqu’à la notion même du danger. Au comble de l’excitation, ils s’affrontent et se poursuivent en plein champ. À deux, quatre, cinq, sept… les mâles (les bouquins) participent d’abord à des courses de vitesse et d’endurance, derrière une femelle (la hase) en chaleur : l’objectif étant d’évincer les plus faibles pour qu’il n’en reste qu’un ! Ce n’est que lorsque la compétition s’essouffle que vient la rencontre amoureuse.

L’amour comme un combat

Entre deux courses folles, mâle et femelle se livrent à un rituel étrange, plus proche du combat de boxe que de l’étreinte sentimentale. Debout l’un en face de l’autre, ils se donnent de violents coups de pattes : ils bouquinent. Ces faux combats cessent après l’accouplement, mais ils ont lieu plusieurs fois dans l’année. Les naissances s’étalent ainsi jusqu’à fin août et chaque femelle peut avoir entre 1 et 5 portées par an, chacune de 3 à 5 levrauts. Si la gestation dure 42 jours, la hase peut être couverte avant la mise bas, et porter en même temps des levrauts prêts à naître et des embryons prêts à se développer ! À la différence des lapins, qui naissent nus et aveugles au fond d’un terrier, ses petits naissent à même le sol, couverts de fourrure et déjà prêts à se déplacer. Allaités pendant environ un mois, ils pèsent déjà le poids d’un adulte moyen (environ 4 kg) à 4 mois et sont capables de se reproduire vers 6 à 8 mois. Quand vient le moment, ils entament à leur tour le rituel du bouquinage… oubliant les règles de prudence individuelles au profit du maintien de l’espèce.

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  1. Tapi dans l’herbe, il s’enfuit très vite si le danger se rapproche.
  2. Le rapprochement amoureux entre mâle et femelle donne lieu à des combats ritualisés.
  3. Il fréquente les mêmes milieux que le lapin de garenne, mais on le reconnaît facilement à ses longues oreilles aux extrémités bordées de noir.
  4. Strictement végétarien, le lièvre se nourrit avant tout de graminées qu’il grignote dans les prairies sauvages ou les zones cultivées.
  5. Loin de l’agitation, le lièvre profite d’un instant de calme pour faire sa toilette.
  6. Grâce aux puissants muscles de ses pattes arrière, le lièvre peut faire des bonds de 2 m en hauteur ou en longueur.