Splendeurs d’automne

Lorsque les feuilles s’embrasent, la forêt nous appelle pour une promenade à grand spectacle. Petit tour d’horizon des sites les plus flamboyants.

En guise de spectacle de clôture, la saison chaude offre un fantastique bouquet final – façon élégante de s’excuser de devoir prendre congé. Le nord-ouest de l’Amérique n’a pas l’apanage de l’été indien. Les forêts françaises savent aussi nous éblouir, pas forcément avec des érables, moins présents de ce côté-ci de l’Atlantique, mais avec une large palette de figurants : hêtres, chênes, bouleaux, marronniers, tilleuls, charmes… Dès la mi-septembre, le ballet commence dans les forêts de feuillus. Il y en a aux quatre coins de l’Hexagone, au caractère varié, et plus envoûtantes les unes que les autres.

La magie d’une saison en couleur

À la frontière franco-belge s’étend l’immense forêt des Ardennes. Son relief vallonné est peuplé de chênes rouvres, de hêtres et de bouleaux. En Picardie, on se perd avec délices sous les hautes futaies de hêtres et de chênes de la forêt domaniale de Compiègne. Celle qui fut le terrain de chasse des rois de France abrite quelques-uns des plus vieux arbres du pays, tel le chêne de Saint-Jean, planté sous le règne de saint Louis, ou un if vénérable âgé de 850 ans. En Normandie, la forêt d’Eawy, composée à 90 % de hêtres, dégage une atmosphère mystique. Comme on se sent petit auprès de ces arbres cathédrales aux fûts hauts de plus de 30 mètres ! Ils bordent majestueusement l’allée des Limousins qui la traverse sur 14 kilomètres de long. La forêt domaniale de Lyons (Seine-Maritime) est l’une des plus belles hêtraies d’Europe. On y ressent aussi cette impression de « cathédrale » grâce aux troncs élancés des arbres centenaires, avec une clarté plus prononcée qu’en forêt d’Eawy. En descendant vers le sud, la forêt domaniale de Grande-Chartreuse (à cheval sur l’Isère et la Savoie) nous appelle. Au côté des résineux, majoritaires, s’enracinent diverses essences de feuillus. En s’embrasant à l’automne, les bosquets de hêtres jettent des feux de lumière sur le tapis vert des conifères.

Automne 2

Dans le pays Basque, la forêt d’Iraty revendique le titre de plus grand massif de feuillus d’Europe occidentale. Sauvage et mystérieuse, elle est peuplée à 90 % de hêtres dont les fûts, jadis, servaient à fabriquer des mâts de navires. La Corse n’est pas en reste avec le massif forestier de Vizzavona. Les chênes et les pins voisinent avec des châtaigniers, des hêtres et des aulnes au spectaculaire flamboiement automnal. Quand bien même ces forêts vous semblent lointaines, n’hésitez pas à visiter le petit bosquet du coin avant que la chute des feuilles ne mette un terme à la magie. Nul doute qu’il saura, lui aussi, vous offrir de quoi régaler les cinq sens.

Automne 5

Jeu subtil de couleurs

Chez les feuillus, la coloration d’automne participe à un réflexe de survie. Le processus est amorcé par la diminution de la durée du jour. Les substances contenues dans les feuilles, comme la chlorophylle qui donne la couleur verte, migrent peu à peu vers le bois où elles sont stockées jusqu’à l’année suivante. Ce faisant, d’autres pigments jusque-là masqués se révèlent: on observe ainsi l’émergence de la xanthophylle (jaune) et ducaroténoïde (orange). L’anthocyane, responsable de la tonalité rouge des feuilles, survient ensuite. La couleur marron n’apparaît que sur les feuilles mortes sur le point de se détacher.

Automne 6

Cet automne nous étonne et vous?