Rendez-vous en Normandie, dans une clinique qui soigne les animaux sauvages. Sa mission ? Les relâcher sains et saufs dans leur milieu.

C’est sans doute en réaction à la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978 et à ses conséquences dramatiques sur l’environnement breton que l’association Chene (Centre d’hébergement et d’étude sur la nature et l’environnement) a été créée en 1980. Ses fondateurs, passionnés d’oiseaux et exaspérés par les pollutions marines, avaient la conviction que la protection de la nature ne peut se faire sans sensibiliser le grand public. Aujourd’hui, la mission du pôle nature consiste toujours à faire connaître la faune et la flore de la région, grâce au musée et aux actions pédagogiques menées avec les écoles et les centres de loisirs.

Des soigneurs enthousiastes

Conjointement à cette mission éducative, un centre de sauvegarde de la faune sauvage a été créé. C’est dans cette clinique, inaugurée en 1996, que nous retrouvons Alain Beaufils, responsable du centre : « Contrairement aux espaces pédagogiques, le centre de sauvegarde n’est pas ouvert à la visite afin de préserver la tranquillité des animaux. Nous sommes trois soigneurs permanents. Comme nous accueillons entre 1 200 et 1 500 animaux par an, des bénévoles viennent en renfort. » Le centre n’étant financé que par les dons et subventions, leur action est indispensable. Ils sont une centaine par an à effectuer des séjours d’au moins quinze jours mais nombreux sont ceux qui reviennent pour un mois ou plus. En ce jour de printemps, deux jeunes femmes en blouse blanche s’activent auprès des animaux. Bleuenn est aspirante à une école vétérinaire (le centre est reconnu en tant que centre de formation) et Sophie une collaboratrice fidèle depuis six ans. « L’animalerie héberge aujourd’hui 27 animaux mais elle en accueille souvent plus de 400 en été, précise-t-elle en soignant un hérisson. Nous y effectuons les soins et le nourrissage intensifs des animaux surveillés de 7 heures et 23 heures. » L’association héberge des pigeons et même des tortues cistudes, une espèce protégée. Beaucoup de jeunes chouettes hulottes sont recueillies suite à l’abattage d’arbres au printemps.

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Des pensionnaires de tous horizons

De par sa situation géographique proche de la Manche, le centre de soins du Chene est un des rares à recevoir des phoques veaux marin, principalement en été, et des phoques gris en janvier et février. Les oiseaux en voie de guérison sont quant à eux transférés dans des volières de contention puis de rééducation avant d’être relâchés. « Actuellement, le taux de relâcher se situe autour de 45 % », souligne Sophie. Curieusement, on ne trouve pas ici que des animaux convalescents. Sur la grande mare, des poules d’eau et canards colverts bien portants assurent l’animation. La présence d’autres oiseaux les attire indéniablement, mais aussi l’assurance de trouver provende à leur goût plus facilement ! 

  1. Ce chevreuil, qui a dû être amputé d’une patte, ne pourra pas être remis en liberté.
  2. Cette nichée de chouettes hulottes encore en duvet attend avec confiance que Bleuenn les pèse et les nourrisse.
  3. La consommation des chouettes hulottes (Strix aluco), nourries avec des poussins de poule, est notée après chaque visite.
  4. Bénévole assidue du centre de soins, Sophie pose une bague sur la patte d’une jeune chouette hulotte.
  5. Cet oisillon reprend des forces en becquetant les vers de farine que Sophie lui présente.
  6. Ce jeune hérisson va bientôt passer sur la balance pour s’assurer de sa forme.