Sauriez-vous distinguer, parmi celles qui arrivent, l’oie cendrée de l’oie des moissons, l’oie rieuse, l’oie à bec court et la bernache cravant ?

Les voici de retour ! Le caquetage d’une nuée d’oies sauvages résonne à nouveau dans les zones humides, lieux d’escale privilégiés. Venues du nord de l’Europe, elles survolent en direction du sud-ouest la vallée du Rhin et une partie de celle du Rhône pour gagner leurs sites d’hivernage : la réserve naturelle de la baie de l’Aiguillon, celle de Saint-Denis-du-Payré (toutes deux en Vendée), le lac du Der (Marne), le marais d’Orx (Landes), la Camargue, la réserve naturelle de Moëze (Charente-Maritime) ou encore celles du Vigueirat (Bouches-du-Rhône). Si les oies sont plutôt pressées, en automne, d’arriver à destination, elles s’arrêtent plus volontiers sur le chemin du retour, au printemps.

Radar et boussole embarqués

Pour la plupart, ces grands oiseaux ont couvé durant l’été sur les bords de la mer du Nord ou de la Baltique, picorant herbes, baies et insectes de la toundra et de la taïga. Ils y ont élevé de trois à huit rejetons, selon leur espèce, puis ont stocké suffisamment de graisse pour entreprendre un voyage long de plusieurs milliers de kilomètres. La diminution de la durée du jour agit comme un déclic : des rassemblements prémigratoires s’organisent. Les palmipèdes, dans les starting-blocks, attendent le feu vert. Celui-ci sera donné par la météo, soit un temps clair, conséquence d’une haute pression centrée sur l’Europe du Nord. Sans GPS, ni carte Michelin, comment s’orientent-ils ? Nos connaissances sur les migrations des oiseaux sont relativement récentes. De grands pas ont été accomplis ces cinquante dernières années grâce à des techniques modernes d’investigation (en premier lieu le baguage). La théorie soutenue par Linné, naturaliste suédois, au xviiie siècle (supposant que les hirondelles s’enfouissent en octobre dans la vase des marais pour n’en ressortir qu’en avril) est bel et bien enterrée. Des pans d’obscurité demeurent cependant. On sait désormais avec certitude que les migrateurs s’orientent grâce à la trajectoire du soleil et à la position des étoiles dans le ciel mais pas seulement. Ils sont également sensibles au champ magnétique terrestre, disposant d’une sorte de radar embarqué dont les hommes sont dépourvus. Cette précieuse boussole se loge dans leurs yeux et sur la mandibule supérieure du bec. Grâce à elle, le vol peut être poursuivi sous un ciel nuageux ou par une nuit sans lune. Les éthologues pensent que d’autres paramètres tels que les infrasons, la force centrifuge, la pression atmosphérique ou la lumière polarisée les guident également sans que cela soit encore formellement prouvé.

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L’expérience du vécu

Forts d’une technologie embarquée high-tech, les migrateurs suivent leur instinct leur intimant, à l’automne, de déguerpir en direction de cieux plus cléments. Mais les informations gravées dans leur « disque dur interne » sont assez sommaires. Les jeunes ne possèdent rien de plus qu’une direction de prédilection gravée dans leurs gènes et un signal automatique (qu’on peut qualifier d’horloge interne) leur dictant une durée approximative de vol sur un axe prédéfini. Ces données de base s’affinent lors de la première migration grâce à l’expérience du vécu : imitation des aînés et mémorisation du premier site d’hivernage. Les routes de migration ne sont pas pour autant figées. Pour s’adapter à des situations nouvelles (facteurs météo, terres inhospitalières…), les oiseaux n’hésitent pas à changer de trajectoire. Cette évolution comportementale se traduit, en l’espace de deux ou trois générations, par une mutation génétique intégrant la consigne de changement de cap.

  1. L’oie rieuse se reconnaît à son bec rose et à sa tache blanche sur le front.
  2. Ouette d’Egypte.
  3. Oie cendrée.
  4. Bernaches du Canade.
  5. Oies des moissons.
  6. Bernache nonnette.
  7. Dès les premiers frimas, les oies sauvages fuient l’hiver baltique.
  8. Bernaches cravant.
  9. Voler avec les oiseaux en ULM.