Il a grandi à Marseille. Depuis l’enfance, Gérard Moine pétrit la terre pour réaliser des santons de Provence, comme son grand-père le faisait avant lui.

Gérard Moine n’est pas né dans une crèche mais presque. Il fut, en effet, entouré de santons pendant sa prime enfance. « Pierre Graille, Meilleur ouvrier de France, m’a accueilli dans son atelier dès l’âge de 8 ans. Avec l’abbé Sunian, il a entretenu et transmis la tradition du santon habillé. » Gérard poursuit sa quête de l’esthétique aux Beaux-Arts de Marseille. Après un passage à Paris, où il croque des passants sur la place du Tertre, il revient au pays et devient santonnier. Nous sommes en 1974. Aujourd’hui, les figurines peintes ou habillées peuplent toujours sa vie.

Une fabrication 100 % artisanale

Ces personnages sont des pièces uniques, créées à la main à partir de boules d’argile façonnées avec patience et dextérité. Les détails comme la barbe ou les cheveux sont ciselés à l’aide de mirettes, des petits outils de sculpture. Gérard se fait aussi couturier pour l’habillage de ses santons. Même les petits accessoires tels les paniers d’osier sont tressés par les mains expertes de l’artisan. Bien qu’enfant du pays, le santonnier doit se faire historien pour ne pas faire d’erreur dans le choix des tissus. Contrairement aux santons habillés, les santons de crèches, comme les Rois mages et les Saintes Vierges, sont réalisés à l’aide de moules fabriqués par le santonnier lui-même. Gérard forme un cône d’argile qu’il applique dans le moule à empreinte. Cette forme en cône permet aux détails (nez, yeux…) de se former. « La pression se fait toujours de la tête vers les pieds. » C’est là que se trouve l’ouverture qui permet d’évacuer le surplus d’argile. Une fois sortie du moule, chaque pièce est ébarbée. Cette opération consiste à enlever l’excédent d’argile aplati sur les contours des figurines. Gérard commence par les plus gros morceaux, à la main. Après une semaine de séchage, il supprime au couteau les éléments plus fins.

La cuisson s’effectue ensuite dans un four électrique entre 900 et 1 000 degrés. « Si l’on cuit trop la terre, les pores se referment et la peinture ne pourra plus rentrer. » Gérard conserve le secret de la durée de cuisson, qui permet de garder cette porosité indispensable. « À l’instar des moules, tous les mélanges de couleurs sont créés ici à l’atelier, à partir du blanc, du noir, du jaune, du rouge et du bleu, les couleurs primaires. » Dans des petits pots de verre, les mélanges sont élaboréspour donner les coloris de chaque série. En tant qu’artisan, Gérard refuse de travailler sur de grandes quantités et comme les peintures ne tiennent pas longtemps en pot, de nouvelles teintes apparaissent à chaque nouvelle série.

  1. Le corps, les membres et la tête du santon prennent forme sous les mains expertes de l’artisan.
  2. Du bout des doigts, il peaufine les détails.
  3. Les plus fins, tels les plis des vêtements ou les cheveux, seront ciselés à l’aide d’une mirette.
  4. Les figurines sont recouvertes d’une couche de peinture avant d’être cuites entre 900 et 1 000 °C. À la sortie du four, la couleur des santons d’argile se rapproche de celle de la peau humaine.
  5. Les couleurs sont créées pour de courtes séries par le santonnier et les détails sont peints avec des pinceaux à poils extra-fins.
  6. Les tenues et les accessoires, réalisés à l’atelier, exigent de l’artisan des talents de couturier ou de vannier.